Les journalistes de l’empire qui critiqueraient durement PKP contribueraient à son échec dans la course au PQ, donc à son retour à la direction active de Quebecor. Ils accroîtraient ainsi leurs chances de subir les contrecoups de leur insoumission.
Voilà pourquoi ils sont incités à faire une couverture favorable de PKP, sans que ce dernier n’ait à lever le petit doigt.
Ces forces systémiques influencent-elles les journalistes ? PKP userait-il de représailles contre les délinquants? Ça reste à voir. Mais les forces sont là, c’est indéniable.
lundi 8 décembre 2014
mercredi 3 décembre 2014
Pourquoi pas PKP
Avec l’annonce officielle de sa candidature par Pierre-Karl Péladeau,
plusieurs, au Parti québécois comme ailleurs, sont prêts à siffler la fin de la
course à la direction du parti et à enterrer les espoirs de ceux et celles qui
ont pris place sur la ligne de départ.
C’est une erreur, car d’ici le mois de mai ses partisans,
comme les ténors péquistes qui s’enorgueillissent de sa venue au parti, auront
le temps de se rendre à l’évidence : PKP chef du PQ, et éventuellement,
premier ministre, représente un risque pour la santé démocratique du Québec et une
erreur stratégique dont souffriront autant les péquistes que l’ensemble du
mouvement souverainiste.
Conseils aux militants, donc : attendez donc un peu
avant de vous commettre si vous voulez éviter de vous peinturer dans le coin.
Politique et contrôle de la presse, un non sens
Réglons tout de suite les difficultés posées par le contrôle
qu’exerce PKP sur 35 % du marché télévisuel et 45 % du marché des
imprimés des médias québécois (1).
On lit partout que cet état de fait pose tout un défi dans
la perspective où PKP deviendrait premier ministre. Je dis que ce problème
existe déjà.
Comment se sent ces jours-ci un journaliste à la solde d’un
média de Québecor devant couvrir la course à la direction du PQ dans laquelle
son patron est activement engagé? Celui qui chérit sa stabilité d’emploi, qui
aime faire la Une du journal ou les manchettes du bulletin télévisé, qui rêve,
peut-être, de prendre du galon au sein de l’entreprise? Entre ses aspirations
légitimes, son éthique journalistique et la nécessité de briller dans l’œil du
patron, le volume d’oxygène ne s’amenuise-t-il pas dangereusement?
La promesse du candidat de placer ses avoirs dans une
fiducie sans droit de regard ne change rien au malaise dans lequel il plonge
déjà ses employés. La carrière politique de PKP pourrait bien se terminer plus
tôt que prévu, auquel cas un retour aux affaires du propriétaire est
certainement une hypothèse valable. La direction, dans l’intérim, pourrait bien
juger, à tort ou à raison, qu’il est préférable pour eux de se tenir à carreau.
Si Québecor avait la réputation d’avoir érigé une muraille
de Chine entre ses intérêts économiques et l’indépendance de ses journalistes,
d’aucuns pourraient y trouver un certain réconfort. Mais le reportage d’Enquête
du 3 novembre 2011 sème le doute. (2)
Que PKP lui-même et les militants du PQ reconnaissent enfin
une évidence : pas plus ici qu’en Italie sous Berlusconi la perspective
qu’un homme exerçant une aussi grande influence sur le 4e pouvoir
(la presse) contrôle le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif en plus, à sa
face même, ne fait de sens. Point barre.
Erreur stratégique
PKP est certainement un homme d’exception et l’entreprise
qu’il dirige est un fleuron de l’économie québécoise. Il peut en être fier et
nous aussi (il y a un peu de nos économies là-dedans).
L’engagement de PKP envers la souveraineté du Québec est une
excellente nouvelle susceptible d’amener d’autres hommes et femmes d’affaires,
comme bien des citoyens, à reconsidérer favorablement ce projet politique.
Mais en s’engageant au PQ, PKP a brisé d’avance la formidable
vague qu’il aurait pu contribuer à créer lors d’un éventuel référendum.
J’imagine très bien l’impact qu’aurait eu l’image d’un chef du PQ entouré d’une
coalition formée de PKP, d’un Jean-Martin Aussant de retour de Londres, de
François Legault, de Françoise David et d’Amir Khadir, sur la même tribune, au
lancement de la prochaine campagne référendaire.
Cette scène n’aura très probablement jamais lieu.
PKP est un homme polarisant. Sa victoire aurait sans doute
pour effet de chasser les progressistes du PQ, de diviser le vote plutôt que de
rassembler et d’émousser sa crédibilité personnelle au contact quotidien des
médias. Au cours des prochains mois, le demi-dieu se transformera
invariablement en homme comme les autres, avec ses forces, évidemment, mais surtout,
toutes ses limites.
Au final, on risque fort de se retrouver dans 4 ans, au
lendemain d’une seconde défaite électorale d’affilée, avec un parti en lambeau qui
aura manqué une autre occasion de donner au Québec l’oxygène dont il a
cruellement besoin.
dimanche 23 novembre 2014
Pourquoi Jean-François Lisée
Je cherchais pourquoi cet après-midi, le déclencheur. Il
faut une bonne raison pour passer du statut, confortable, d’observateur à
l’autre, plus exigeant, de militant engagé.
Le projet de restructuration du réseau de la santé, une
aventure indéfendable décriée par à peu près tout le monde, sauf le bon docteur
Barette, avait commencé à me chatouiller le gros nerf du bon sens élémentaire.
Puis sont venues les coupes dans la santé publique et dans les budgets utilisés
pour venir en aide aux plus démunis.
Mais le bouchon a sauté quand la ministre Charbonneau a
avoué ne pas avoir évalué les conséquences sur les femmes et l’emploi de la
hausse des frais de garde. Attends! On est où là? Dans un état moderne,
vraiment?
Alors j’ai joint le groupe des 1000 pour Jean-François
Lisée.
Ce matin, je l’ai rencontré lors d’un rassemblement dans
Rosemont. J’ai pris ma carte de membre du PQ, j’ai signé son formulaire de
candidature et j’ai fait un chèque pour contribuer à sa campagne.
Pourquoi Lisée?
Je connais Jean-François Lisée par ses écrits, depuis Dans l’œil de l’aigle, en 1990, ce qui ne
nous rajeunit pas, ni lui ni moi. Je l’ai suivi par ses bouquins, par ses
blogues, par ses interventions publiques.
Je le connais comme un honnête homme, un homme intègre.
Comme un humaniste, un progressiste, qui se trouve toujours du bon côté des
enjeux, celui du respect et de l’ouverture à l’autre.
Un homme de gauche quant aux objectifs : mieux partager
la richesse, construire une classe moyenne forte, égaliser les chances… Un
lucide quant aux moyens, inféodé à personne, pas dogmatique, attaché aux
résultats.
Jean-François Lisée pour sa position face aux anglophones de
Montréal, aussi. On se respecte, on reconnaît la contribution unique de chacun
et on arrête de se conter des histoires : il faut préserver une masse
critique de francophones sur l’île. Il est temps d’agir sur les bonnes choses.
Pour sa position au sujet du référendum. Une position
volontaire, mais raisonnable, et claire. Un an avant les prochaines élections,
le PQ prendra le pouls du Québec et s’engagera à tenir ou non ladite
consultation. Fini la valse-hésitation, les électeurs sauront à quoi
s’attendre.
Parce qu’il s’agit d’un authentique démocrate, qui respecte
les citoyens et les institutions, qui rejette la mentalité de clan et tend la
main pour faire progresser ses idées.
Pour son amour de Montréal, ma ville.
Parce que Jean-François Lisée est un gars de contenu, un
gars de dossier. Capable de voir large et en profondeur à la fois. Pas besoin
de voir sa famille à la Une des magazines à potins pour croire qu’il ferait un
excellent premier ministre.
Parce qu’il faudra cesser de s’entre-déchirer si on veut
tenir tête aux véritables adversaires.
Pour toutes ces bonnes raisons, mais aussi parce que je vois
mal comment la démocratie serait bien servie par un candidat à la tête d’un
empire médiatique en position dominante au Québec, aussi méritoire soit-il.
http://jflisee.org
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